Depuis la prison de Scheveningen à La Haye où il est enfermé, Laurent Gbagbo continue de recevoir des visiteurs auxquels il confie parfois quelques secrets.
A un cadre du parti de Gbagbo, qui a pu le voir, il a fait des confidences sur la solide amitié qui le lie à Abou Drahamne Sangaré, et sur le congrès tenu à Mama, fin avril 2015, par une frange du Front populaire ivoirien( Fpi). Au cours d’une tournée de mobilisation effectuée récemment par ce cadre à Bangolo, sa région natale, celui-ci a partagé avec les populations, ces confidences que Gbagbo lui a faites depuis sa cellule à La Haye. Billaud Zéréhoué, c’est son nom, a sillonné, du 12 au 28 février 2016, plusieurs localités du département de Bangolo. Secrétaire national, chargé de la sécurité dans le Fpi-camp Sangaré, il est allé mobiliser la base, en vue de la libération du fondateur du Fpi. De Bléniminhouin aux cantons Takoué et Zibiao, en passant par Baïbly, Ziéondrou et Zéo, il a été accueilli par une foule immense et enthousiaste. Partout, il s’est employé à rallumer la flamme militante, en donnant les nouvelles de La Haye. Il a notamment livré des secrets sur les relations entre Gbagbo et Sangaré à l’étape de Bléniminhouin, chef lieu de sous-préfecture dans le canton Taouaké. Il a commencé par dire qu’Abou Drahamane Sangaré est le ”frère jumeau de Gbagbo” avant de faire des révélations sur ce que les deux hommes ont vécu du temps où le fondateur du Fpi était détenu à Séguéla. « Le président Gbagbo m’a dit à La Haye ceci, à ce sujet: « Lorsque j’ai été placé dans une cellule d’isolement, Sangaré, alors étudiant, venait s’asseoir devant cette cellule dès que les gardes ouvraient les cellules. Il y restait jusqu’au soir, à l’heure de fermeture pour aller dormir. C’était comme ça tout le temps jusqu’à sa libération. Le jour de sa libération, il a pleuré comme s’il venait de perdre un être cher, à l’idée de me laisser dans cette cellule d’isolement et partir… », a révélé Billaud Zéréhoué, tout en soulignant qu’à l’époque des faits(1970), Gbagbo était enseignant, et Sangaré, étudiant. Une révélation qui a ému les militants du Fpi, au point qu’ils réclamaient la venue du « jumeau de Gbagbo » sur leurs terres. Le décor ainsi planté, l’émissaire du camp Sangaré a fait savoir à ses interlocuteurs, que celui-ci est bien celui que Gbagbo a choisi pour tenir les rênes du parti, en attendant qu’il revienne en prendre la direction. « Le camarade Sangaré me charge de vous dire que si Gbagbo, ne voulait pas la tête du parti, pourquoi a-t-il permis que le congrès se tienne dans son village ? », a lancé ce cadre du parti de Gbagbo en direction des populations. Puis Billaud Zéréhoué d’ajouter : « Après le congrès de Mama, quand je suis allé à La Haye, il ( Gbagbo, ndlr) m’a dit de vous dire de rester fidèles aux résolutions de ce congrès ». Revenant sur le transfèrement de Gbagbo à La Haye, et son procès qui s’est ouvert en janvier dernier, il a soutenu que l’ex-chef de l’État est victime d’un vaste complot international : « C’est la politique qui a envoyé notre président à La Haye où il est otage des néocolonialistes ». Il a donc appelé les populations Wê à se mobiliser pour obtenir sa libération. « Vous, secrétaires de section, le président Sangaré m’envoie vous dire de reprendre votre bâton de pèlerin pour sillonner vos bases. Il vous demande de mobiliser les militants, en attendant les mots d’ordre de la direction du parti », a-t-il exhorté « ses » parents, avant d’ajouter : « Ne l’oubliez pas, Gbagbo est la chance du peuple Wê(…) Restez là où il vous a laissés, pour ne pas avoir honte quand il reviendra sauver la Côte d’Ivoire de sa mauvaise passe actuelle ». Par ailleurs, il les a exhortés à faire bloc derrière les responsables nationaux et locaux qu’il dit avoir l’onction de l’ex-chef de l’État pour tenir les rênes du parti à la rose. « Tant que Gbagbo ne nous dit pas que le président Sangaré et le Fédéral Nessemon( responsable du parti de Gbagbo à Bangolo, ndlr) sont dans le faux, rien ne nous fera changer de camp », ont assuré les secrétaires de sections à Billaud Zéréhoué, qui a dit avoir foi en la libération du fondateur du Fpi, et en son retour au pays. Il s’est, en effet, dit convaincu, comme Sangaré, que « Gbagbo reviendra avec tous les honneurs dus à son rang ». Aussi, a-t-il brocardé ceux qui veulent le pousser derrière le rideau.« Ne perdez pas le trophée de votre lutte, à l’heure du bilan. Vous êtes sur la bonne voie aux côtés de Sangaré. Ne suivez pas ceux qui ont des rêves qui ne vont jamais se réaliser, parce que personne ne peut tourner la page de Gbagbo… », a-t-il lâché. Avant de prendre congé des siens, il les appelés à réserver un vibrant accueil à Abou Drahamane Sangaré quand celui-ci viendra leur rendre visite, bientôt.