L’unité n’était pas au rendez-vous lors du concert de Serge Beynaud et DJ Arafat, le samedi 12 septembre au palais de la culture de Treichville.
À la place d’un concert annoncé pour renouer les liens entre les acteurs du couper-décaler, c’est plutôt à une véritable bataille de leadership que le public a eu droit. En dépit des consignes que les organisateurs ont données aux deux artistes.
C’est aux environs de 20h que Serge Beynaud, celui qui se fait appeler ”le mannequin des arrangeurs”, monte sur scène. Tout de blanc vêtu, le père du ”Kababéléké” feuillette son répertoire marqué de plusieurs chansons à succès. Avec la complicité de ses danseuses attitrées, dont Zota, il s’attire très vite la sympathie du public pendant son spectacle qui a duré 1h15 minutes.
Mais à moins d’une vingtaine de minutes de la fin de son show, l’artiste est vite freiné dans son élan par l’entrée en grande pompe de DJ Arafat, arrivé au palais de la culture dans un cortège d’une vingtaine de véhicules et de motos, alors même que son arrangeur d’hier occupe encore la scène. Du coup, la majorité du public se rue vers le cortège de DJ Arafat. Beynaud, quelque peu gêné par cette entrée hors norme du ”Termistocle”, continue tant bien que mal son show.
Déjà dans l’esprit de l’unité prônée à travers ce concert, il fait les éloges d’Arafat, «Arafat est un vrai champion. C’est d’ailleurs à cause de lui que je bosse toujours dur pour être à un meilleur niveau», lance Beynaud à l’endroit de Yôrôbô. Mais c’était sans compter avec la réaction des fans de DJ Arafat. Devenus hystériques à la vue de leur icône, tous se mettent à crier: «descends! Descends» à l’endroit de Serge Beynaud, qui ne s’est pas fait prier pour débarrasser le plancher.
C’est dans ce cafouillage aux allures d’humiliation que Serge Beynaud cède la scène à Arafat. Habillé dans une tenue de ”Jésuite”, le ”Termistocle” monte sur la scène et aussitôt cède à son jeu favori.
L’artiste débite des invectives et des propos désobligeants à celui qui vient de le précéder sur scène. «Maintenant que les p…. sont partis, les vrais hommes sont là pour ”tuer”…», lance-t-il implicitement à son prédécesseur.
Pendant plus d’une heure, il distille ses chansons par moment repris en chœur par ses inconditionnels. Avec quelquefois des improvisations, celui qui se fait désormais appeler ”le césar du couper-décaler” procure de l’extase à ses fans. A minuit, le rideau se referme sur ce spectacle qui a procuré beaucoup de joie au public à l’espace Oiseau-livres du Palais de la Culture de Treichville.
Si l’initiative est à saluer, il convient cependant de signaler que la fausse note de ce concert vient des organisateurs qui ont raté le coche. Ils n’ont pas réussi à réconcilier ces deux ”monstres sacrés” du couper-décaler.
À la lumière de ce qui s’est passé au palais de la culture, tout porte à croire que toutes les parties, organisateurs, artistes et les fans ont entraîné les Ivoiriens dans un jeu de dupes. Pourtant, l’occasion était pour témoigner de la maturité des acteurs du couper-décaler.
Hélas, une fois encore, Arafat a démontré que la discipline et le bon sens ne sont pas des vertus qu’il sait partager. De toute évidence, Yôrôbô a donné la preuve qu’il a la rancune tenace. Assurément, il n’a pas encore digéré l’affaire du spectacle de la Bad, pour laquelle il a accusé le lead vocal de Magic System, A’Salfo, parrain de Serge Beynaud, d’avoir «barré son nom à la dernière minute».
Philip KLA
L’INTER