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Côte-d’Ivoire Un dealer du nom de Ouattara Ali dit « El Capo » : fait des revelations« Pourquoi les fumoirs ne peuvent pas disparaitre… »

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Un dealer : « Pourquoi les fumoirs ne peuvent pas disparaitre… »

« Les fumoirs sont comme des prisons pour nous »
« Ce que font les prostituées à côté de nous

« El Capo » demande une intervention vigoureuse pour empêcher l’entrée de la drogue en Côte d’Ivoire (Ph : M’BRA Konan)

Ouattara Ali dit « El Capo » du nom du célèbre trafiquant de drogue mexicain, a été pour un temps, notre compagnon de route dans l’enquête que nous avons menée sur le circut de la drogue à Abidjan et à l’intérieur du pays.

Après plusieurs « convoyages » et moult hésitations, il a décidé de nous confier des révélations à travers cette interview.

Cette vie de cache-cache, et quelquefois de course-poursuite n’est-elle pas pesante pour un jeune comme vous ?

Ouattara Ali dit El Capo : D’abord, je tiens à préciser que j’ai été pratiquement contraint à vivre cette vie de merde. Oui, je reconnais que ce n’est pas facile. Car, je n’ai pas le courage de dire à mes proches que je vends ou fais venir de la drogue d’un autre pays. On me voit un peu brillant et donnant envie, mais ce « métier » est dur et très risqué.

Les arrestations et condamnations de certains de vos compagnons auraient pu vous assagir, non ?

Ce n’est pas faux, mais il faut reconnaître qu’au stade où je suis, il est difficile de s’en défaire car on est trempé jusqu’au coup. Je ferai l’objet de recherche de la part du Babatchê (patron) et de ses bramôgô (hommes de main). Donc, je suis dedans jusqu’à la mort, mais je joue la prudence. Vous parlez d’arrestations et de condamnations. Ce sont les choses les plus faciles à vivre dans ce boulot. Il y a la mort dedans ! Nombre de mes camarades ont été tués, soit parce qu’ils ont voulu dénoncer et se plaindre ou sont tombés au mauvais moment et au mauvais endroit.

Que craignez-vous le plus, votre camp ou les forces de l’ordre ?

Les deux. Mais plus dans mon camp car dans notre bled (Anoumabo au bord), la vie n’est pas facile. Nous sommes constamment surveillés. Surtout nos pages de réseaux sociaux comme Facebook. C’est le Babatchê ou l’un de ses bramôgô qui surveille. Si nous faisons des jours sans aller sur nos pages, ce sont des explications, tout comme lorsque nous naviguons beaucoup. Ils lisent également entre les lignes. Nous sommes dans une prison à ciel ouvert. Nous sommes tenus. Il en va de même pour les prostituées qui sont avec nous. En tout cas, celles qui sont avec nous, sont tenues de garder le silence, sinon elles seront punies au prix fort. Je n’en dirai pas plus.

Vous régnez en maître dans les fumoirs d’Anoumabo (Marcory) au bord de la lagune. Est-ce cela ?

Effectivement, puisque sur place, il est difficile aux forces de l’ordre d’y avoir accès. En tout cas, pour celles qui veulent faire leur travail, sinon, certains viennent nous ravitailler à travers une partie des saisies opérées. Nous avons diversifié la zone de vente pour ne pas que les mêmes forces de l’ordre se retournent contre nous un jour, afin que nous perdions. C’est ainsi que nous avons colonisé le secteur au bas du pont (3ème pont, HKB) et aussi dans les environs du « centre commercial », à Marcory.

Comment procédez-vous pour la vente de drogue ?

La marchandise vient sous forme de bloc. C’est dans les fumoirs sur place et nous procédons au conditionnement pour certains et au paquetage pour d’autres. Il y a des rapts et des sachets. Ces derniers sont vendus selon la quantité à 250, 500, et 1000 francs Cfa. Quant à la dose forte comme le Pao (héroïne), il est plus cher. Il se fume avec le boca. Il y a également le woho ou le caillou qui se prend avec une pipe. C’est encore plus cher.

Pourquoi vous prenez-vous tant de risques à aller chercher la drogue à la frontière ghanéenne alors que vous avez la possibilité d’en cultiver ?

Il faut reconnaître que la drogue en provenance du Ghana est de bonne qualité. Nous avons essayé sur place ici, cela n’a pas bien donné. Donc on préfère aller chercher. C’est bon et c’est rentable.

À cette allure, les fumoirs ne disparaitront pas de sitôt ?

Qu’est-ce que vous croyez. Des fumoirs peuvent disparaître mais pas pour ceux qui sont à Anoumabo Au Bord. Y a mangement (complicité) dedans. Donc, celui qui croit que les fumoirs d’Anoumabo vont disparaître, qu’il clique sur quitter (ce n’est pas possible).

N’est-ce pas un défi aux éléments de forces de l’ordre?

Qu’ils viennent détruire. Ce sera une question de jour ou de lieu, et revoilà les fumoirs d’Anoumabo.

Vous gagnez combien ?

Je m’en sors, mais je ne peux pas vous dire combien je gagne.

Les relations entre vous et les riverains sont-elles tendues ?

Oui, parce que certains ne veulent pas nous voir là. Ils disent que nous sommes en train de gâter leur quartier et leurs enfants. Mais nous nous imposons quelquefois par la force. À deux reprises, nous avons affronté les riverains, en novembre et vers mars ; un affrontement qui s’est soldé par un mort d’hommes. Monsieur Foua Bi, un propriétaire de cours qui voulait s’opposer, en a eu pour son compte. Nous l’avons aspergé de kaka (matières fécales, ndlr).

Sur qui comptez-vous pour agir de la sorte ?

Sur notre Babatchê, Konan le virus. C’est un puissant môgô. Quelquefois, des éléments de force de l’ordre, en civil, viennent le voir. Il a ses gars dedans. Donc quand c’est comme ça, ce n’est pas facile.

Quels conseils pouvez-vous donnez aux jeunes ?

Chacun a son destin et doit assumer jusqu’au bout ce qu’il fait.

N’avez-vous pas peur après ces révélations ?

Peur de quoi ? De mourir ? Tu penses que je vis encore. C’est plutôt toi qui devrais être en danger, puisqu’ils auront l’impression que je t’ai livré des secrets alors que tout le monde sait ce qui se passe. C’est pourquoi j’interpelle le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko et le ministre auprès du président de la république chargé de la Défense, Alain-Richard Donwahi afin qu’ils fassent quelque chose, sinon, ce n’est pas bon pour la jeunesse ivoirienne qui est en train de sombrer dans la drogue.

Réalisée par M’BRA Konan

 linfodrome.com


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