Une chose promise est une chose due. A l’évidence cette maxime ne marche pas avec l’actuel chef d’Etat ivoirien. Affi N’guessan son dernier adversaire crédible de la présidentielle de 2015 n’aura plus de cadeau de la part du régime. Et pour cause…
Au sortir de la grave crise ivoirienne et des procès en cascade des dirigeants rescapés du Front populaire ivoirien (Fpi), le président OUATTARA a eu besoin à un moment donné et sur injonction de la communauté internationale d’une légitimation lors de la présidentielle de 2015 pour solder son impopularité et son manque de relation fusionnelle avec une grande partie du peuple de Côte d’ivoire.
Pour ce faire, qui mieux que le vivier de L’ancien président pour donner ce vernis au champion des républicains. C’est pourquoi à défaut de pourvoir ralier les pro-Gbagbo trop hostiles au bénéficiaire du “putsch” de Sarkozy, les stratèges des laboratoires politiques du RDR, le ministre Ahmed Bakayoko en tête, ont trouvé en Affi N’guessan, ancien premier ministre du célèbre prisonnier de la Haye, empêtré lui aussi dans un procès politique dit de la justice des vainqueurs, un excellent “tocard” comme dans une course hippique, pour accompagner le favori.
Les lambris dorés de la République…
Reçu en grandes pompes par François Hollande lors de son passage en Côte d’ivoire, Affi N’guessan à qui monts et merveilles ont été promis pour sa réhabilitation politique a cru voir sonner son heure.
Occasion pour lui de se démarquer par ailleurs de son mentor qui lui aurait arraché selon ses propres termes: ” La direction d’une campagne présidentielle victorieuse en 2000 pour la confier en 2010, à un parfait inconnu” du nom pas plus connu de : Issa Malick Coulibaly.
Quitte pour Gbagbo de lui confier plus tard, l’ingrate tâche de négocier à Addis-Abeba une cause perdue avec un panel de chefs d’états Africains hostiles, alors que les armes étaient déjà à sa porte.
Cette “ingratitude” enrobée de la détention jamais pardonner à Laurent Gbagbo de sa douce Kili Angeline dans le cadre du procès des barons de la filière Café – cacao, a donc boosté l’ambition politique du Lion du Moronou
“Laurent Gbagbo est partit pour un long procès à la Haye. C’est donc à vous que revient la tâche de reprendre le flambeau. Il vous faudra pour cela oublier vos rancoeurs et composer avec ceux qui ont la réalité du pouvoir aujourd’hui. La France se tient aux côtés du peuple de Côte d’ivoire pour lui garantir une présidentielle apaisée, transparente, équitable et ouverte à tous. Nous ferons en sorte que le gouvernement ivoirien mette fin à certaines poursuites judiciaires inacceptables en cours…”
Ces paroles bienveillantes du locataire de L’Elysée au sortir du fameux tête à tête d’Abidjan ont eu pour effet de mettre Affi N’guessan en condition pour ce que l’on sait : Le bras de fer et la rupture définitive entre le président par intérim du FPI de l’époque et les étiquetés “Gbagbo ou rien”
Grosse désillusion à tous les étages…
Aujourd’hui, la désillusion pour Affi est grande. En effet, en protestation des frauduleux 9% qu’avaient bien voulu lui octroyer le régime au lendemain de l’élection présidentielle de 2015, l’ancien Premier ministre de Gbagbo avait obtenu faute de pouvoir partager le pouvoir avec le RHDP par le biais de portefeuilles ministérielles, un statut spécial qui lui aurait permis de caser un certain nombre de suiveurs.
Le statut de chef de l’opposition ivoirienne a son miel: rang de ministre d’Etat, passeports diplomatiques, voyages à l’étranger aux frais de la republique, cabinet très élargi avec émoluments généreux pour ses courtisans. Bref à défaut de décrocher la lune, Affi N’guessan rêvait ni plus ni moins que de partager le haut du pavé politique avec Ouattara à l’image du président Henri Konan Bédié du PDCI.
Ouattara n’est pas fou…
Ouattara aussi est désillusionné. “Ces gens du FPI sont insaisissables…” S’est-il plaint à son entourage. Son opposant “chouchou” qui rêve de se rendre incontournable sur la scène politique ivoirienne l’a complètement déçu en se coalisant pour se liguer contre sa réforme constitutionnelle qui faisait pourtant partie du package de compromission politique auquel devrait se soumettre Affi. Ce n’est rien de moins qu’une trahison a conclu Ouattara.
Résultats des courses, le chef de l’Etat ivoirien a décidé qu’Affi N’guessan n’aura plus rien tant qu’il ne se sera pas calmé. Les députés ivoiriens aidés par une main occulte ont renvoyé sine die le projet de chef de l’opposition. Cette fois on ne pourra pas accuser Soro Guillaume, le président de l’assemblée nationale d’avoir manoeuvré dans le dos du chef de l’Etat. L’homme qui vise à prendre coûte que coûte le parti de Ouattara pour en faire son trempli en prélude de son ambition présidentielle de 2020, est pour une fois du même avis que l’ancien prisonnier de Bouna : “Cette volonté de réforme constitutionnelle du président Ouattara n’est pas bonne” clament-ils tous les deux dans leur cercle restreint.
Affi en danger?
Que risque alors Affi qui veut tenir tête au vainqueur de la guerre post-electorale de 2010? Pour l’instant rien. Du moins tant que le témoignage d’un “fou” n’est pas venu l’accuser de conspirer au renversement du régime.
En attendant Ouattara ne prendra certainement pas le risque de ramener devant la justice son farouche opposant de 2015. Personne dans la communauté internationale ne verrait cela d’un bon oeil.
Parcontre ce ne sera pas le cas de sa compagne sur la tête de qui plane toujours l’épée de Damoclès des détournements dans la filière Café-cacao. L’adage dit que : “Lorsqu’on te tient sous la ceinture, tu est bien obligé de céder…” A moins qu’Affi N’guessan n’ait résolu de sacrifier ce qu’il a de plus sacré aujourd’hui./.
Augustin Djédjé
eburnienews