Boga Doudou. On l’appelait dans notre petit groupe, ’’ Djimy la Rigueur’’. Parce que quand tu as tort, Djimy disait que tu as tort. Et, quand tu as raison, il disait que tu as raison. Je l’ai rencontré en 1974. Il faisait partie de la même cellule qui comprenait, outre moi-même, Henry-Philippe Dacoury(Ndlr : alors Gouverneur de la BCEAO), et lui, Boga Doudou.
Un soir, on n’est venu nous annoncer que la Police avait arrêté Boga Doudou, dans sa chambre d’étudiant. Qu’avait-il fait ? Nous n’en savions rien. Mais toujours est-il que nous nous sommes mobilisés. Nous sommes allés dormir à la Police. Nous avons dit que tant qu’on ne nous rendait pas Boga, nous ne rentrions pas chez nous. Voir des Enseignants venir réclamer la libération d’un étudiant était quand même quelque chose d’inhabituel ! Les Policiers de Cocody nous l’ont donc rendu.
Il était courageux, brave. On disait toujours de lui que le mot peur, il l’avait découvert dans le dictionnaire. Parce qu’il ne savait pas ce que cela voulait dire.
À la fin des élections de 2000 – et, c’est une confidence amicale que je voudrais vous faire – je discutais avec mes filles qui avaient 17 et 18 ans, à l’époque. Je leur ai demandé : « A votre avis, quand je vais être élu, qui doit être Ministre de l’Intérieur ? » Les plus jeunes m’ont répondu en disant : « Papa, vu l’ensemble de ses qualités, nous pensons que la personne idéale pour ce poste, est Tonton Boga». Ceci, pour vous dire que, même les enfants, à la maison, chez moi, savaient qu’il devait être Ministre de l’Intérieur. Il était fait pour la profession.
Quelques Magistrats sont venus me le réclamer pour être leur Ministre de tutelle. Mais, finalement, la plus grande partie des gens le voulaient comme Ministre de l’Intérieur. Parce qu’il avait des idées très claires concernant l’Administration Territoriale, la Décentralisation, la Sécurité et la Police. Que son nom soit “donné” à la CRS 3 qui est installée chez lui, dans sa région, est un bel hommage à l’homme. Et, cela ne peut que me réjouir. Je ne pouvais pas ne pas être là. Cet homme, dont le nom est désormais porté par cette toute nouvelle Compagnie, était de valeur. Il a fait une thèse recommandée à la publication par les Universités françaises.
Après que Boga Doudou a été nommé Ministre de l’Intérieur, sa première reforme, n’a pas été celle de l’Administration. Sa première reforme a été celle de la Police. Il m’a dit : « Président, si nous voulons que la Police soit efficace, faisons une nouvelle loi, pour elle, et augmentons les traitements salariaux des Fonctionnaires de la Police ». On a fait cette réforme. Et, le projet de loi que nous avons adopté, qui est arrivé par la suite sur la table des Députés à l’Assemblée Nationale, à été voté à l’unanimité. Parce que Ouassénan Koné (ex-Ministre de la Sécurité) a dit ceci, à cette occasion : « quand j’étais Ministre de la Sécurité, j’ai longtemps voulu faire voter cette loi. Mais, à l’époque, j’ai été désavoué. Je pense que c’est cette loi qu’il faut. Car, cette loi que je voulais faire voter, à l’époque. Maintenant qu’elle arrive, ici, je demande à tout le PDCI (Ndlr : ex-Parti au pouvoir, aujourd’hui, dans l’opposition) de voter ce projet de loi ».
La loi a été votée à l’unanimité des Députés de l’Assemblée Nationale. Tel est cet homme. Il était mon Président de Groupe parlementaire, quand j’étais Député. Il avait l’air très dur. Mais, Boga Doudou négociait toujours. C’est lui qui faisait toutes les négociations. Il négociait à l’extérieur avec tout le monde. Et, quand, pour ma candidature en 2000, j’ai eu un appel de Lybie … c’est avec Boga que j’y suis allé. Lors de la rencontre, je n’ai pas parlé. C’est lui qui a parlé
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