53 réfugiés, partis mardi soir de Munich, sont arrivés en France. Mille autres personnes sont attendues d’ici à la fin de la semaine.
SOURCE AFP
Plusieurs dizaines de réfugiés syriens et irakiens en provenance d’Allemagne ont commencé à arriver mercredi en France pour y mener une “nouvelle vie”, au moment où les pouvoirs publics accélèrent la mobilisation pour répondre aux immenses défis posés par l’afflux de migrants. Dans la matinée, 53 personnes sont arrivées en bus à Champagne-sur-Seine, en Seine-et-Marne, où ils ont été pris en charge par la Croix-Rouge dans un centre monté en urgence, où un petit-déjeuner leur a été offert.
Soixante-dix-sept réfugiés d’Irak et de Syrie sont aussi attendus mercredi dans le monastère des Orantes, à Bonelles (Yvelines), et d’autres dans un centre de loisirs de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Au total, mille personnes venues d’Allemagne arriveront en France d’ici vendredi, selon la Croix-Rouge.
“En Irak, la vie est dangereuse, alors nous voulons commencer une nouvelle vie ici”, a expliqué Oussama, un ingénieur de 28 ans originaire de Bagdad, en arrivant à Champagne-sur-Seine. “Au début, on voulait plutôt aller en Belgique mais quand nous sommes arrivés en Allemagne, on nous a dit que la France pouvait nous accueillir, donc on a décidé de venir en France.”
“Elles relèvent du statut du réfugié”
Certains de ses compagnons portaient de lourds sacs en plastique, et plusieurs faisaient le “V” de la victoire vers les nombreuses caméras à leur arrivée dans cette petite ville de 6 600 habitants au sud-est de Paris. Une petite fille, tout sourire dans une poussette, a reçu un doudou des mains du personnel de la Croix-Rouge. “Nous avons souhaité que cet accueil se fasse dans des bâtiments en dur de manière à assurer un bon niveau de protection”, ainsi que l’intervention d’associations et de “structures d’accompagnement social” afin que, “dans un second temps”, ces familles puissent être logées “dans le parc social de droit commun”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
“On sait qu’elles relèvent du statut du réfugié”, a-t-il souligné à l’issue du conseil des ministres, contrairement aux demandeurs d’asile “dont on n’est pas sûrs, au moment où ils formulent leur demande, qu’il relèvent de ce statut”.
À Champagne-sur-Seine, “nous allons les mettre à l’abri dans des locaux mis à disposition par la municipalité” en moins de 48 heures, du studio au trois pièces, “des locaux relativement confortables compte tenu des difficultés qu’ils ont rencontrées”, a expliqué le président de la Croix-Rouge Jean-Jacques Eledjam. Il a promis un accompagnement pour “qu’ils obtiennent un statut de réfugié dans les deux à quatre mois”.
Une crise appelée à durer
Face à l’afflux massif d’exilés en Europe, François Hollande avait annoncé lundi que la France était prête à accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans. Ce chiffre s’ajoute aux 6 000 réfugiés dont l’accueil avait déjà été acté en début d’été, a-t-on précisé au ministère de l’Intérieur. Pour répondre à l’urgence, l’Office français des réfugiés et apatrides (Ofpra) a donc délégué une mission à Munich, dans le sud de l’Allemagne, où des dizaines de milliers de personnes sont arrivées ces derniers jours et où il propose à des Syriens, Irakiens et Érythréens de venir en France au titre de l’asile.
Considérés comme ayant un besoin de protection manifeste, ils devraient bénéficier d’une procédure rapide. “Plus vite cet accès à l’asile sera possible, plus vite les dispositifs d’intégration pourront être mis en place”, a plaidé Bernard Cazeneuve. Depuis plusieurs jours, pouvoirs publics et collectivités se mobilisent pour assurer la logistique face à ces arrivées, alors que la crise des réfugiés est appelée à durer.
Le Premier ministre Manuel Valls doit présider à 14 heures à Matignon une réunion interministérielle sur leur hébergement. Bernard Cazeneuve, qui réunit samedi les maires prêts à accueillir des réfugiés, a de nouveau appelé les élus à “se mobiliser”, en assurant que l’État prendrait “ses responsabilités”. “Plus nous serons nombreux dans cette solidarité, plus nous serons efficaces”, a-t-il ajouté. “Lorsqu’il y a une telle tragédie humanitaire”, “on ne se pose pas la question de savoir quelle était leur religion”, a-t-il redit en réponse à certains maires qui ont créé la polémique en décidant de n’accueillir que des réfugiés chrétiens.