Seule autorité habilitée à le faire, la Cour constitutionnelle n’avait toujours pas communiqué, vendredi, les résultats provisoires du premier tour de la présidentielle du 6 mars.
Lorsque la Commission électorale nationale autonome (Cena) a publié le 7 mars, soit moins de 48h après le 1er tour de la présidentielle, les grandes tendances du scrutin, elle pensait éviter au Bénin tout début de polémique. Mais vendredi 11 mars, la Cour constitutionnelle n’avait toujours pas publié les résultats provisoires comme le prévoit la loi électorale. Et plus le temps passe, plus le doute s’installe.
Dans une interview donnée jeudi matin à l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (Ortb), le président de la Cour constitutionnelle, le professeur Théodore Holo a dit espérer que « les délais seront respectés pour que d’ici la fin de la semaine, il y ait la publication des résultats provisoires ».
« Mais rien ne se fera dans la précipitation, ni sous pression », a-t-il précisé.
Travail de recompte
Dans son intervention, le professeur Holo a expliqué le travail de recompte fait actuellement par ses équipes. « Les résultats dans les bureaux de vote sont des résultats bruts qui ne sont pas passés par le filtre du respect de la régularité », a-t-il déclaré. Par exemple, « certains résultats de bureaux de vote sont annulés parce qu’au moment du décompte, on n’a pas respecté l’exigence du pictogramme. Il arrive également que des bulletins nuls soient en réalité des bulletins qui expriment un choix », a poursuivi Théodore Holo.
Et de poursuivre : « C’est en regardant minutieusement tout ces éléments que nous pourrons affirmer qu’il y a eu un processus électoral régulier. Cela prend naturellement du temps. Nous sommes aussi en attente des votes de nos compatriotes de la diaspora [plus de 40 000 voix]. »
Quel second tour ?
Il s’est également montré ferme contre toute accusation de manipulation. »Lorsque par exemple on aura rétabli des bulletins nuls, alors qu’en réalité le choix de l’électeur était clair, les agents de ce poste de vote vont peut-être imaginer qu’il y a eu manipulation au niveau de la Cour. Il n’y a pas manipulation au niveau de la Cour, il y a rétablissement de la vérité parce que nous devons tenir compte du choix opéré par chaque électeur ».
Une déclaration qui ne permet en rien d’affirmer que la Cour constitutionnelle validera les tendances de la Cena dont les chiffres donnaient Lionel Zinsou en tête avec 28,44 % des suffrages, devant Patrice Talon (24,80 %), suivi de très près par Sébastien Ajavon (23,03 %). Abdoulaye Bio-Tchané (8,79 %) et Pascal Koupaki (5,85 %). Et donc de confirmer à 100% le second tour entre le premier ministre et le roi du coton attendra.
Le camp de l’actuel troisième homme du scrutin, Sébastien Ajavon, semble croire à un retournement de situation. « Il n’y a pas encore eu de proclamation des résultats, seulement des tendances qui ne sont pas en concordance avec les chiffres dont nous disposons », a indiqué son porte-parole.
Vincent Duhem
jeuneafrique